retour Accueil L'agonie d'une entreprise centenaire…

Article paru dans le jounal “ LE PARISIEN LIBÉRÉ ” du samedi 22 décembre 1984 :

L'agonie durera encore une vingtaine d'année... 5 ans après la fin de l'activité Téléphonie Publique, cet article annonce la fin de l'activité de la Téléphonie Privée (cédée à Jeumont Schneider sous le nom de Statel), une diminution du personnel, la mise en vente de l'usine parisienne.

XIIIe : la plus grande et la plus ancienne coopérative de production de France pourrait déposer son bilan avant la fin de l'année

L'agonie d'une entreprise centenaire…

“ Ah ! cet atelier, c'est là que j'ai commencé. Au fond, il y avait les fraiseuses, ici les tours... Et puis, il y avait une de ces ambiances ! C'était le bon temps ”, se souvient, plein de nostalgie, un retraité. Aujourd'hui, la pièce est désespérément vide, les machines ont disparu.
Le témoignage du vieil homme prend valeur de symbole, lorsqu'on sait que “ son ” A.O.I.P. (Association des ouvriers en Instruments de précision, située 8, rue Charles-Fourrier dans le XIIIe), pourrait bien déposer son bilan dès la fin de l'année. Précision utile, l'A.O.l.P., presque centenaire, est la plus grande coopérative de production du pays.
Créée en 1896, l'A.O.l.P. a du attendre 1979 pour voir sa situation se détériorer. En moins d'un an, l'entreprise perd près d'un tiers de ses salariés, Conséquence des décisions gouvernementales de reconcentrer le secteur de la téléphonie publique en France. Or, ce secteur représentait 90 % des activités de la coopérative.
“ A partir de ce moment, on s'est retrouvé au pied du mur, dans l'obligation de nous restructurer ”, explique M. P..., l'un des employés. “ Après ça, les pouvoirs publics se sont complètement désintéressés de notre sort ”, continue Mlle C..., une autre salariée.
Même pour une coopérative autogérée, qui dit restructuration et modernisation, dit aussi chômage. Entre 1980 et 1981, trois cents personnes sont licenciées, précédant de peu une seconde charrette l'année suivante. “ Nous avons alors diversifié nos activités, en les ouvrant davantage vers la robotique et la téléphonie privée ”, raconte un délégué syndical. La reconversion, bien qu'en grande partie couronnée de succès, n'a pas suffi à relancer l'entreprise.

Le Parisien Libéré 1984Photo “ L.P ” Thierry CHESNOT

Le combat pour la survie

“ L'A.O.l.P. peut et doit continuer à vivre. Elle a donné la preuve de ses compétences. ” Le combat pour la survie de la coopérative est d'ores et déjà engagé. A son actif, de très bons résultats à l'exportation, en matière de robotique notamment
“ Nous exportons même vers les Etats-Unis. Et c'est-nous qui avons équipé l'usine Fiat de Turin, en robots-peinture, et ce dans une proportion de 30 % ”, affirme M. P... Au passif de la coopérative, un déficit d'exploitation et, surtout, le manque de moyens financiers nécessaires aux investissements. “ Nous ne voulons pas de subventions, mais nous cherchons à obtenir des prêts, aussi bien publics que privés ”, déclare M. F..., un des doyens de la société.
Simplement, l'A.O.l.P. a déjà 35 millions de dettes, et : toutes les démarches pour obtenir un sursis ont été vaines. Le point de non-retour semble atteint, puisque les commissaires au compte ont décidé de traîner l'A.O.l.P. devant les tribunaux.
Le XIIIe arrondissement, l'un des plus touchés par le chômage, avec plus de dix mille sans-emplois, comptera, sauf miracle, une nouvelle vague de licenciements très prochainement. “ Nous ne nous laisserons pas faire ” affirme-t-on à l'A.O.I.P. Affaire à suivre.

Arnaud FOLCH


Retour page précedente

retour Sommaire


Mise à jour le