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Note de service, juillet 1942 :

RELEVE DES PRISONNIERS

Conformément à l'appel du Chef du Gouvernement français, nous vous remettons copie d'une Circulaire concernant le recrutement de la main d'oeuvre française pour la relève des Prisonniers.

Les inscriptions des volontaires de l´A.O.I.P. sont reçues tous les jours au Secrétariat.

LA DIRECTION DE L'A. O. I. P.


 

CIRCULAIRE ÉMANANT DU COMITÉ D'ORGANISATION DES INDUSTRIES DE LA CONSTRUCTION ELECTRIQUE

MESSIEURS,

Par circulaire en date du 8 Juillet, nous vous avons communiqué la circulaire adressée par le Chef du Gouvernement au sujet de la relève des Prisonniers.

Veuillez trouver ci-joint le texte d'une communication établi par un certain nombre d'entreprises en vue de documenter le personnel sur les conditions de cette opération.

La première demande de main-d'oeuvre adressée au Comité d'Organisation émane des firmes A. E. G. et Julius PINTSCH pour leurs usines de Berlin. Elle porte sur 3.500 personnes (ouvriers et ouvrières). Les conditions offertes aux volontaires sont résumées dans la note ci-annexée.

Le Gouvernement attache la plus grande importance au succès de l'opération actuellement en cours et désire être fixé, le plus rapidement possible, sur les résultats qui pourront être obtenus dans les entreprises.

Il conviendrait dès lors :

1º Que vous transmettiez à votre personnel la demande qui nous est faite, et que vous lui communiquiez les documents ci-annexés;

2º Que vous recueilliez dans votre entreprise les noms des volontaires et que vous nous les transmettiez au fur et à mesure de leur inscription, en indiquant, pour chacun d'entre eux, leur âge et leur profession. L'ensemble des demandes devra nous parvenir pour le 25 Juillet [1942] au plus tard.

Nous nous tenons à votre disposition pour vous fournir les renseignements complémentaires que vous pourriez désirer en la matière.

Veuillez agréer, Messieurs, l'expression de nos sentiments distingués.

Le Secrétaire Général :

 

 

RELÈVE DES PRISONNIERS PAR DES TRAVAILLEURS VOLONTAIRES

Le Comité d'Organisation de la Construction Electrique nous a transmis la lettre ci-jointe du Président du Conseil, en nous priant de la porter à la connaissance du personnel.

Les négociations concernant la relève des prisonniers s'inspirent essentiellement de deux facteurs.

1º Il est fait appel à des volontaires.

2º Ces volontaires, au lieu de partir isolément, partiront en équipes, avec, éventuellement, des Ingénieurs et Agents de maîtrise, volontaires comme eux. Le groupement des volontaires dans l'entreprise, ou entre entreprises, a l'avantage de leur donner la certitude de travailler dans la même usine, et, autant qu'il sera possible, dans une usine similaire de celles où ils travaillent actuellement, à la même nature de travail, c'est-à-dire, dans le cas actuel, à la construction électrique.

Conformément aux instructions du Gouvernement, les travailleurs volontaires auront droit, à l'expiration de leur contrat, à une priorité d'embauchage dans l'usine où ils travaillent actuellement. Ils seront considérés, en quelque sorte, comme en congé. restent inscrits sur les listes du Service du Personnel, et leur famille bénéficiera des services divers rattachés à l'entreprise: services d'assistance sociale, coopérative, colonies de vacances, terrains de sports, etc...

Les Services du Personnel fourniront à tous ceux qui le demanderont les renseignements concernant les conditions de travail en Allemagne ; ils recevront également l'inscription des volontaires étant d'ailleurs entendu que l'engagement définitif à souscrire aura lieu ultérieurement dans des conditions qui ne nous ont pas été encore communiquées.

Les catégories de personnel auxquelles s'adresse notamment l'appel comprennent les Ingénieurs, Contremaîtres et Techniciens ayant déjà quelque connaissance de la langue allemande, et, sans aucune restriction concernant la langue, aux dessinateurs, aux ouvriers qualifiés, ouvriers spécialisés et manoeuvres, ainsi qu'au personnel féminin des deux dernières catégories.

En vue de faciliter les négociations en cours concernant la relève des prisonniers, il nous a été indiqué qu'il était désirable d'avoir le plus rapidement possible les renseignements concernant l'inscription des volontaires.

CONDITIONS DE TRAVAIL AUX USINES A. E. G.

ET JULIUS PINTSCH, A BERLIN

Nous vous communiquons les conditions suivantes s'appliquant aux travailleurs français partant pour l'Allemagne, travaillant à l'A. E. G. Les mêmes conditions sont également valables pour la Maison PINTSCH à Berlin. En général on peut dire que celles-ci sont applicables avec peu de différence pour toutes les fabriques de l'industrie électrique restantes.

1º On constatera, tout d'abord. que les travailleurs français en Allemagne ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que les ouvriers allemands. Ils reçoivent le même salaire et bénéficient des mêmes conditions d'existence que Ies ouvriers allemands.

Salaires. -Pour les salaires, on devra faire une distinction entre les salaires horaires fixes et les salaires aux pièces. Nous distinguons en général trois catégories de professions pour les ouvriers :

a) ouvriers qualifiés,

b) ouvriers spécialisés ou demi-qualifiés,

c) manoeuvres.

On appelle ouvrier qualifié celui qui a fait un apprentissage de trois ans et qui travaille ensuite dans la profession apprise; en Allemagne on comprend en particulier dans cette profession: l'ajusteur, le tourneur, le mécanicien et le menuisier.

L'ouvrier spécialisé ou l'ouvrier demi-qualifié est celui qui a exercé une activité spéciale, la plupart du temps sur une machine dont l'emploi exige une période de formation de six semaines à six mois en moyenne. On trouvera ici surtout des fraiseurs, des perceurs, des tourneurs au tour revolver et des bobineurs.

Les manoeuvres sont les ouvriers pour lesquels aucun apprentissage préalable n'est demandé.

Les salaires sont échelonnés comme suit :

- L'ouvrier qualifié reçoit un salaire horaire de base d'au moins 0,93 mark. A ce salaire horaire viennent s'ajouter des primes d'après le travail fourni dont le montant est en général de 10 à 15 % du salaire de base.

- Le gain pour un travail aux pièces est normalement avec le barème des frais considérés, de 15 % plus élevé que le salaire de base. Le gain moyen pour un travail aux pièces d'un ouvrier qualifié se monte à 1 mark 15 à 1 mark 25 à l'heure. Il est bien entendu que le gain pour un travail aux pièces dépend toujours du travail fourni par l'ouvrier intéressé.

- Ouvrier spécialisé: Le salaire horaire minimum d'un ouvrier spécialisé comporte 0,82 mark; viennent s'ajouter ici également des primes au rendement d'après les mêmes pourcentages que pour un ouvrier qualifié. Le gain pour un travail aux pièces d'un ouvrier spécialisé est, en moyenne, de 1 mark à 1 mark 15.

- Le salaire minimum d'un manoeuvre se monte à 0,72 mark; les manoeuvres ne sont pas employés pour des travaux aux pièces.

- Le salaire horaire minimum pour les femmes est de 0.50 mark; si les femmes sont employées pour un travail aux pièces ou si elles exercent un travail d'ouvrier spécialisé, leur gain est, en moyenne, de 0,65 mark à 0,70 mark.

En plus des salaires ci-dessus nommés, les ouvriers pouvant justifier qu'ils sont mariés en France ou qu'ils vivent maritalement reçoivent une prime de séparation de 1,50 mark par jour. Cette prime de séparation est considérée comme allocation pour la famille restée en France.

Logement. - Le logement des ouvriers français peut être un camp ou une demeure particulière.

Le prix d'un logement dans un camp est de 0,50 mark par nuit.

Le prix de location pour une chambre meublée est environ, à Berlin, de 30 à 40 marks par mois. Il nous paraît important de mentionner qu'il est très difficile de trouver en ce moment une chambre meublée à Berlin, si bien qu'il serait plus avantageux de se loger dans des dortoirs. Ceux-ci sont sous la direction d'un chef allemand qui a pour charge de faire régner l'ordre et la discipline en collaboration avec un homme de confiance français.

4. Entretien. - Les ouvriers français reçoivent, comme on l'a déjà souligné, les mêmes cartes d'alimentation que les ouvriers allemands. L'entretien des ouvriers à l'A. E. G. se fera de la manière suivante : on remettra les cartes d'alimentation aux ouvriers français. Chacun peut, au repas de midi, se ravitailler à la cantine pour 0,30 à 0,35 mark. Par l'installation de réchauds à gaz chacun pourra, en outre, se préparer le soir un repas chaud. Du café et du thé chaud seront toujours à leur disposition. Dans une partie des usines allemandes on en est arrivé au système des réfectoires, c'est-à-dire que la fabrique assure la préparation de tous les repas. En plus des cartes d'alimentation il est délivré des cartes supplémentaires aux ouvriers travaillant au delà des heures normales et aux travailleurs de force, en raison de la durée et du genre de leur travail.

L'ouvrier sera considéré comme faisant des heures supplémentaires s'il travaille au moins 12 heures par jour d'une manière ininterrompue en dehors de son domicile en comptant la durée de son trajet pour se rendre à son lieu de travail avec la durée du travail. Celui-ci pourra recevoir une telle carte.

5. Durée du travail. – La durée du travail comporte un minimum de 48 heures. Dans la plupart des cas, la durée du travail s'élèvera cependant à 60 heures par semaine. La durée hebdomadaire moyenne du travail comporte, en ce moment, 56 heures pour les hommes et 53 heures pour les femmes.

Congé. - Tout ouvrier peut prétendre, en principe, à un congé après six mois. Un congé anticipé ne pourra être accordé que dans des cas bien fondés. Indépendamment de la question de congé se pose la question de la visite au foyer.

On appelle visite au foyer le voyage que l'ouvrier intéressé fera aux frais de sa fabrique, qui lui paiera un billet d'aller et retour du lieu de travail jusqu'à la frontière. Ce voyage est attribué à tout ouvrier marié ayant travaillé six mois. Un billet de retour au foyer, c'est-à-dire un voyage à nos frais est attribué à l'ouvrier céliba,taire seulement après un an. Le congé annuel pour l'ouvrier dépendra des tarifs et comportera de six à douze jours de travail suivant l'âge et degré d'ancienneté dans la fabrique. Ce congé est payé. Le paiement se fera d'après le gain moyen des 13 dernières semaines avant le début de la permission.

7. Durée des contrats. -La durée mInimum du contrat comporte, en principe, un an. Il est souhaitable, bien entendu, que ces ouvriers restent ,employés chez nous au delà de cette durée.

8. Déductions. - En Allemagne on déduit du gain brut : l'impôt sur le salaire, l'assurance-invalidité, I'assurance-chômage, I'assurance-maladie et une somme pour le front du travail allemand.

Les dépenses totales se montent ici à :

a) pour un ouvrier marié avec deux enfants : environ 15 % du gain brut;

b) pour un ouvrier marié sans enfant : 20 % du gain brut ;

c) pour un ouvrier célibataire : 25 à 30 % du gain brut.

N.B.- Salaires : En prenant pour base une durée du travail de 48 heures par semaine, on paiera un supplément de 15 % pour les heures supplémentaires; le travail du dimanche donnera droit à un supplément de 50 %.

Les nouvelles demandes de main d'oeuvre française émanant des firmes allemandes seront affichées au fur et à mesure de leur arrivée.


Suite : le S.T.O. (1942 à 1945)

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